[Broussas – Aubusson, 50km, 650m D+]
Nous sommes reparti⋅e⋅s mardi matin, bien reposé⋅e⋅s, avec Aubusson en ligne de mire ; une étape de 50km ne nous faisait pas peur. D’autant que j’avais commencé à découper la trace dans Komoot, afin d’avoir une idée du dénivelé qui nous attendait, et Komoot nous disait 530m, ce qui nous paraissait… deux fois plus facile que les deux précédentes étapes.
Nous étions même suffisamment sûr⋅e⋅s de nous pour avoir réservé notre hébergement à Aubusson la veille au soir. Après une petite recherche des options, et un coup de téléphone semi-ironique au Château Sallandrouze, nous avions trouvé.
Je m’attendais à entendre « deux cent cinquante euros, monsieur » à ma question « et à combien est la chambre », puis à raccrocher piteusement, mais la dame au téléphone m’a répondu « 70 euros ». On a donc réservé deux nuits dans un château. Deux nuits, car à Aubusson se trouve la Cité de la Tapisserie dont la visite était la pierre angulaire de tout le voyage !
Comme à notre habitude, après environ 15km, nous nous sommes arrêtés prendre notre deuxième petit-déjeuner, à Royère-de-Vassivière, mais avant, nous avons commencé par y faire le marché, préparant notre premier pique-nique à base de fromages de chèvre, de saucisson et de myrtilles. Au café, nous avons rencontré un couple de cyclotouristes, dont l’une était sur un beau Specialized à assistance électrique, et l’autre sur un beau Specialized sans assistance électrique, ainsi qu’un petit groupe qui nous a fait un concert improvisé pour nous donner du courage (ou bien parce qu’iels avaient envie de jouer de la musique, je ne sais pas).
Puis nous avons roulé jusqu’à plus de la moitié de l’étape – nous avions commencé à remarquer que c’était plus facile de rouler avant le déjeuner, sans la chaleur, et sans la digestion pour faire notre premier pique nique en forêt.
Nous avons roulé sans encombre, et une fois à Aubusson, nous nous sommes rendu compte que Komoot était optimiste sur le D+ par rapport au GPS, qui nous donnait 650m. Heureusement, la différence n’était pas telle et nous étions toujours en forme. Nous avons découvert le château et notre chambre, plus grande que notre pièce principale et pourtant nous vivons dans une maison de 150m².
N’en revenant toujours pas de notre chance, nous avons rangé les vélos dans la cave/laverie du château, posé les sacoches, puis nous sommes partis visiter un peu la ville (c’est à dire boire la bière de la victoire, mais aussi faire changer la batterie du téléphone d’Abi qui, après avoir donné des signes fatigues ces derniers mois, a choisi ce moment pour s’épuiser en moins de trois heures, ce qui est moyennement pratique en voyage). On s’est rajouté un peu de dénivelé, pédestre celui-ci, pour aller voir la ville de la Tour de l’Horloge. Ça valait le coup !
C’est quelques heures plus tard, au restaurant, que nous avons commencé à envisager l’éventualité de vivre au dessus de nos moyens avec un moyenne un resto plus un hébergement en dur par jour. J’ai ouvert l’appli de la banque pour vérifier l’étendue des dégâts, je n’ai pas trop compris pourquoi le solde du compte joint était en vert et non en rouge, j’ai encore moins compris pourquoi il comportait 4 chiffres et non 2 ou 3, et c’est quand j’ai cliqué pour avoir le détail que nous avons résolu de continuer à se faire plaisir :
DGFIP FINANCES PUBLIQUES REMB IMPOT REVENUS : +1227,00€
Du coup, on a pris du vin.
Le lendemain, après une super nuit malgré des oreillers un peu trop énormes à notre goût, nous avons comme prévu, visité la Cité de la Tapisserie. Un très bel endroit où l’on a appris plus sur cet art et sur la somme incroyable de travail que représente une seule tapisserie : en gros, on peut compter un mois de travail à temps plein pour une personne par mètre carré de tapisserie ! Sachant que certaines font plus de 5 mètres par 7, on comprend mieux pourquoi la tenture [ensemble de tapisseries liées thématiquement] complète de Tolkien ne sera prête qu’en 2023 !
En ce moment, la Cité a aussi lancé un projet de tenture sur l’oeuvre de Miyazaki, et nous avons eu la chance de voir la lissière à l’oeuvre sur la tapisserie tirée de Princesse Mononoké.
Le métier faisait huit mètres de long, avait été assemblé sur place après en avoir passé les éléments les plus encombrants, comme les deux rouleaux, par la fenêtre avec une grue. La lissière (pas sur la photo, car elle ne préférait pas) nous a montré son travail avec patience et pédagogie, ce qui nous a permis de voir la mise en pratique de la théorie précédemment expliquée par la guide de la visite guidée.
Nous sommes ressorti⋅e⋅s de la Cité avec encore plus d’admiration pour le travail que nous avions déjà vu en 2019 à la BNF.
Le soir, nous sommes allé⋅e⋅s nous coucher avec un peu d’excitation, après avoir calculé que la nuit de la pleine lune, il allait pleuvoir, mais que la nuit d’avant, c’est à dire la suivante, la lune serait suffisamment pleine pour nous accompagner une bonne partie de la nuit, et qu’en plus, il ferait très chaud – 33° – le lendemain. Cela nous a décidé à réserver un emplacement au camping municipal de Chambon-sur-Voueize.
Comme prévu, le « lendemain », nous roulons la nuit !