[étape « repos », 27km, 360m D+, puis Fresselines – Le Grand-Bourg, 57km, 807m D+]
Après une bonne nuit de sommeil, nous nous sommes réveillé⋅e⋅s tranquillement, sans véritable heure de départ, avec deux objectifs : acheter des clopes, et visiter un peu les alentours.
Étant parti⋅e⋅s un peu tard et moi effrayé par la fermeture imminente du seul tabac à 10 kilomètres à la ronde, nous avons commencé le trajet un peu speed et énervé⋅e⋅s, ce qui nous a permis d’arriver largement en avance et plus du tout énervé⋅e⋅s, et de battre des records de vitesse. Il faut dire qu’il semblait, pour une fois, que nous ayions le vent dans le dos.
Une fois les cigarettes achetées, nous en avons profité pour acheter deux-trois trucs à la pharmacie, dont un paquet de mouchoirs (car dans la précipitation, j’avais aussi oublié le PQ pour les pauses pipi forestières), ainsi que deux « polars du terroir », deux livres de Jaques Jung, un Creusois qui a écrit quelques policiers qui se passent dans les années 70 en Creuse : « Vengeances en Creuse », et « Sortie de route en Creuse ».
Nous avons mangé en terrasse sous un ciel menaçant qui a fini par nous pleuvoir dessus, et nous avons tenté d’aller visiter un brocanteur, qui hélas n’était pas là – en livraison à Guéret, il nous aurait fallu l’attendre deux heures. Nous avons donc décidé de faire demi-tour et de retourner se reposer. Sur le chemin, des panneaux indiquant une friperie ont attiré l’oeil d’Abi, nous avons donc fait un tout petit détour où elle a trouvé une belle robe cousue main et un petit haut tout à fait dans le style Hobbitesque qu’elle aime tant, que nous avons donc acheté au couple de gauchistes qui tenait la friperie dans la grange de leur maison. Si vous êtes hippie/babos/punk-à-chien/gauchiste, la Creuse est une très belle destination ! De notre côté, nous avons échafaudé des débuts de plans pour l’avenir dans lesquels la Creuse a sa place.
Le soir avant de dormir, nous avons fait une petite randonnée pédestre dans la forêt autour de Fresselines, au confluent des deux Creuse, dans les traces de Monet qui avait, durant son séjour de deux mois dans ce village, peint vingt-trois toiles, et qui fait la fierté locale.
Puis nous avons trouvé une amélioration bienvenue à notre pique-nique habituel, sous la forme d’un « marché dînatoire » où nous avons pu nous régaler de sandwichs à l’andouillette, de bières locales et, pour faire bonne mesure, d’une assiette de tapas végé.
Le stand du fromager, « la Chèvrerie du Poney Fringuant », attirait l’oeil d’Abi donc nous sommes allé⋅e⋅s lui acheter quelques fromages, vérifier notre théorie selon laquelle son nom était un clin d’oeil à l’oeuvre de J.R.R. Tolkien, et discuter un peu de sa façon d’être éleveur : dans sa ferme, les chevreaux ne sont pas séparés de leur mère, même si ça donne moins de fromage à vendre, et les vieilles chèvres à la retraite sont laissées en liberté dans leur paturage jusqu’à leur mort naturelle. Sa façon de parler de ses animaux était tout à fait touchante !
Le lendemain matin, après une discussion avec le propriétaire de la chambre d’hôtes sur la chance qu’on a d’avoir un système de santé socialisé en France, nous avons mis le cap sur le Grand-Bourg, avec une pause déjeuner prévue à la Souterraine, sur le chemin, où Abi avait repéré un resto dont la carte lui faisait de l’oeil.
Entrer dans la Souterraine nous a fait un petit choc, c’est l’une de ces villes assez grande pour être entourée de diverses zones « d’activité » ou « industrielles » particulièrement moches, au trafic automobile surprenant après nos petites routes forestières dignes de la Comté. Quant au restaurant, il se méritait, perché au sommet de la ville perchée sur sa colline. Nous avons peut-être même poussé les vélos sur quelques dizaines de mètres. Mais ce restaurant valait bien le coup, nous avons eu la chance d’avoir une interruption dans la pluie suffisamment longue pour manger tranquillement et se requinquer sérieusement !
Nous avons ensuite fait une petite pause café à côté du Dolmen de La Pierre Folle, à côté de Saint-Priest la Feuille, dolmen que nous avons hésité à visiter à cause d’une légère fatigue physique mais que nous n’avons pas regretté d’être allé voir. La fatigue physique restait à un niveau tout à fait acceptable, d’autant que l’alerte tendinite qui m’avait inquiétée deux jours plus tôt était repassée au vert, mes jambes fonctionnant d’une manière tout à fait satisfaisante.
Au Grand-Bourg, qui est en réalité un petit village, nous avons pris possession de notre petite chambre d’hôtel et nous nous sommes fait un bon repas de tartines au fromage, au saucisson et aux myrtilles directement sur le lit, car dehors, il n’y avait pas d’endroit enthousiasmant.
On a presque fini, autant en profiter à fond.